
Hagard, Enquêteur de l’Histoire

La bande dessinée semble bien être un moyen moderne, ludique et efficace pour transmettre des connaissances historiques. Les Editions de la Gouttière le démontrent une fois de plus avec cette nouvelle série : Hagard, enquêteur de l’histoire et ce premier volume qui tombe juste puisqu’il est consacré aux Gaulois, à leur histoire et leurs coutumes.
La recette est bien connue. Prenez un gentil petit garçon, curieux, intelligent qui a une jolie copine espiègle et énergique et qui le protège d’une bande de brutes. Ajoutez à tout cela, une petite tendance à l’endormissement qui produit des rêves historiques, le tout emballé dans un cours d’histoire donné in situ, vous voilà devant un parfait enquêteur de l’histoire.
Hagard a de la chance, il vit dans la Somme où abondent les vestiges gaulois et gallo-romains. Sa maîtresse emmène ses classes visiter les musées, les centres d’interprétation et les sites archéologiques.
Hagard a de la chance car il vit près de Ribemont-sur-Ancre. Ce lieu a été habité sans discontinuité pendant 600 ans et permet donc de raconter l’histoire des Gaulois devenus Romains. L’album est divisé en trois parties qui suivent la chronologie. À chaque fois, Hagard semble se réveiller au milieu du village, parmi les habitants. Une jeune fille est là pour l’accueillir, lui sauver la vie et l’emmener dans sa famille. Commence alors la découverte des trois mondes bien différents qui vont transformer le village de hutte en ville romaine.
Le premier sommeil du jeune garçon l’emporte en 220 av. J.C.
Il se réveille et rencontre la jeune Cleis qui propose de l’emmener dans sa famille. Cette immersion dans la population permet aux auteurs de reprendre des idées préconçues, déjà bien revues par le MuséoParc Alésia, puis de les remettre en ordre par des explications in vivo. Qui de mieux qu’un Gaulois pour expliquer qu’il ne mange pas de sanglier, qu’ils sont de fantastiques forgerons ou des agriculteurs expérimentés ? Ce Gaulois est un homme important, un chef qui pourra aussi expliquer à Hagard les secrets de l’art de la guerre chez les Gaulois.
À la fin de son second sommeil, il se retrouve en l’an 20.


Son arrivée ne passe pas inaperçu. Il déboule en pleine procession religieuse. Il renverse les offrandes, est poursuivi par la foule mais il est sauvé par Clélia, descendante de Cléis. Cette jeune Gauloise fait partie d’un groupe de résistants à la romanisation. Ce chapitre est l’occasion d’expliquer comment Rome s’est installée en Gaule et comment les Gaulois ont commencé à adopter les coutumes et la façon de vivre des envahisseurs. Plein d’humour, les auteurs imaginent une guéguerre entre collabo et résistants, deux bandes d’enfants qui mettent de l’animation dans le village.
Et voici Hagard qui se réveille en 220 ap. J .C.
Cette fois, le village qu’il a connu à ses débuts est devenu une petite ville totalement romanisée. Hagard se retrouve tout habillé dans les thermes. Chassé par les baigneurs, c’est Clea qui le sauve, lui donne des habits secs et propose de lui faire visiter la ville des thermes, qu’il connait, au temple et au petit théâtre. Le jeune garçon constate que la vie à la mode gauloise est bien loin.
Chaque partie se conclut sur une double page historique. L’archéologue de papier, qui est en fait Gilles Prilaux, archéologue conseiller scientifique de la série, reprend des cases de l’album et explique avec des mots simples les notions que les enfants ont découvert dans les planches de l’album. Il donne beaucoup d’informations sur le métier d’archéologue et sur l’importance de conserver en bon état notre passé pour pouvoir l’étudier.


Le sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre date du IIIe siècle av. J.C. Il est accolé à un village et on y a retrouvé des monnaies grecques, des armes, des objets de la vie quotidienne, notamment liés à l’agriculture, et des dizaines de squelettes sans tête, bien rangés formant un grand carré. Cette disparition reste encore un mystère. Les archéologues pensent que ces têtes étaient conservées comme des trophées puisque les traces montrent qu’elles étaient tranchées après la mort de leur propriétaire. L’intérêt historique de ce site est qu’il est resté occupé durant 5 siècles. Les historiens, les archéologues peuvent donc étudier l’évolution du village, l’implantation des monuments qui s’empilent les uns sur les autres, etc. Les découvertes donnent l’occasion de comprendre les changements de modes de vie, d’outillages, de nourriture.
Ce premier volume d’un collection prometteuse est une bonne introduction à l’histoire pour les plus jeunes.
Hagard, enquêteur de l’histoire. 1 Le mystère des coupeurs de têtes.
Dessin Greg Bondin, Couleurs Manon, Scénario Mathieu Lavallée, sur une idée originale de Gilles Prilaux
Editions La Gouttière 46 pages, 12 euros